Galvani, les spirites et l’électricité

Vers la fin du 18e siècle, Galvani découvre que l’on peut actionner la cuisse d’une grenouille morte en lui appliquant un flux électrique. Cette expérience suscite de nombreuses interrogations sur cette «électricité animale» qui anime un membre inerte. Si l’électricité traverse des organismes, ne serait-elle pas le fluide universel qui anime toute chose et que l’on désire tant découvrir? Ne pourrait-on pas, avec une technique similaire, réveiller les morts? C’est l’hypothèse sur laquelle Mary Shelley construit son célèbre roman Frankenstein. Quelques décennies plus tard, au milieu du 19e siècle, l’électricité fait la preuve d’un nouveau prodige. Le télégraphe électrique permet de transmettre des messages à travers la planète instantanément, via des câbles de cuivre que l’on peut enfouir sous les océans. Puisque l’électricité réveille les membres d’un corps mort et qu’elle permet de communiquer sur d’immenses distances, alors ne pourrait-elle pas relier les vivants et les morts? Les spirites imaginent un “télégraphe spirite”, qui permettrait de communiquer avec le monde des esprits. Le fantasme du superorganisme commence avec l’idée que nous sommes tous traversés par une même matière, que nous formons déjà un seul corps, et qu’il suffirait de réguler ce corps.