Magnétisme animal

La fin du 18e siècle voit la résurgence d’une idée ancienne : une énergie qui circulerait à l’intérieur des corps. On la nomme galvanisme, électricité animale, fluide, éther, cinquième élément…

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Selon Franz-Anton Mesmer, le magnétisme animal traverse tout l’univers, toute matière, depuis les étoiles jusqu’à l’homme et toutes les choses, qu’elles soient animées ou inertes, vivantes ou mortes. Le fluide permet le mouvement des astres, l’équilibre de la société… Mesmer considère l’humanité comme un grand être relié par le fluide.

Le fluide régule aussi la santé des individus, y compris ce qu’on appellerait aujourd’hui la santé mentale. Le fluide peut être mal réparti, ce qui entraîne des maladies. Mesmer prétend qu’il peut modifier l’équilibre du fluide animal dans un être, en le dirigeant avec des aimants. Ses clients sont principalement des femmes, qu’il guérit grâce à des “passes” avec des tiges métalliques magnétisées.

Accusé de charlatanisme à Vienne, il fuit à Paris où il est rapidement considéré comme une attraction, ou comme un escroc, sinon comme un génie. Il a bientôt plus de patients qu’il ne peut en traiter. Il invente alors un dispositif qui lui permet de passer de la forme artisanale à une forme pré-industrielle, en agissant sur le fluide de plusieurs personnes à la fois.

Il prétend qu’il peut conserver et concentrer son propre fluide dans un baquet, pour le redistribuer à ses patients. Ceux-ci se connectent au baquet à l’aide de tiges de métal censées transmettre le fluide. La haute société s’adonne avec joie aux séances qu’il organise. Une fois qu’un groupe d’humains est connecté entre eux, d’étranges phénomènes se produisent. Les descriptions qui nous sont parvenues évoquent une performance, un happening, une thérapie de groupe, ou encore une scène d’hystérie collective. Les corps et les esprits entrent en transes, dans une libération et une jouissance effrénées, une perte de soi. Les descriptions du baquet de Mesmer qui nous sont parvenues évoquent une performance, un happening, une thérapie de groupe, ou encore une scène d’hystérie collective. Cela évoque les danses de possession africaines ou les manifestations hystériques que Charcot décrira (provoquera ?) à la Salpetrière, un siècle plus tard.

Le baquet de Mesmer était censé former un corps collectif en intensifiant la circulation du magnétisme animal: une énergie universelle, qui traverserait toutes les choses de l’univers, toute matière, depuis les étoiles jusqu’à l’homme.