«Ce qui manque»

Stéphane Degoutin: L’une des hypothèses du film est que, selon les recherches de Miguel Nicolelis, si les rats se mettent à communiquer entre eux à très grande échelle et former un super-organisme distinct, alors Internet ne concernerait plus seulement les humains mais aussi d’autres espèces, qu'elles soient animales ou même végétales.

Gwenola Wagon: Dans le film réside une certaine ambiguïté sur le fait que les rats détruisent ou au contraire s’approprient le data center pour le transformer et s’approprier le monde de l’information humaine. Nous souhaitons maintenir l’ambiguïté sur la réalité de cette image, sur son caractère d’allégorie, de réalité possible, d’apocalypse, voire de manipulation par certains humains…

Stéphane Degoutin: L’idée de connectivité universelle est plutôt un rêve d’ingénieur. Il s’agit de reprendre cette idée et voir où elle pourrait conduire en s’extrayant de cette logique purement technique. Cette question nous intéresse car elle porte, en l’occurrence, une dimension possiblement utopique.

Gwenola Wagon: Si l’on a choisi le rat, c’est pour sa dimension fondamentalement collective et son besoin vital de communication. Cela renvoie à un individu qui ne pourrait plus se passer de ses prothèses communicationnelles, qui ne pourrait plus être seul…

Extrait d'une discussion entre Stéphane Degoutin, Gwenola Wagon et Thierry Fournier, Ce qui manque, Atelier de curatoriat, exposition collective et publication, La Panacée, 2014.