L’internet de l’intérieur des rats

En 2013, le neuroscientifique Miguel Nicolelis conduit une expérience digne du baquet de Mesmer – mais avec des rats de laboratoire. Un rat est placé dans une cage de verre au Brésil. Un autre à l’université de Duke aux Etats-Unis. Une fibre optique est insérée dans le cerveau de chaque rat. Elle est positionnée devant un neurone et transmet l’information directement d’un cerveau à l’autre. On cache la nourriture d’un des rats. …et les deux rats recherchent la nourriture en même temps. C’est comme s’il n’y avait plus qu’un seul rat, détaché en deux corps. Les rats ont été préalablement transformés. On leur a ajouté un gène d’origine bactérienne qui rend leurs neurones photosensibles, ce qui permet à l’information de circuler dans de la fibre optique. Entre les deux cerveaux, il y a Internet. Mais que se passerait-il si mille rats étaient connectés ainsi? Que serait un Internet des rats?…

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Quel réseau émergerait de cette connexion? Les rats se déplaceraient-ils comme des essaims d’abeilles? Comme des oiseaux migrateurs?

Que se passerait-il si l’on extrapolait des rats aux êtres humains?

Car, en effet, le rat est le prototype de l’homme. Les techniques que l’on teste sur les rats sont souvent appliquées à l’homme. Or les expériences de Nicolelis laissent imaginer un nouveau type de réseau, outrepassant de loin l’Internet que l’on connaît actuellement. C’est un réseau qui ne passe pas par la conscience, qui relie les individus par l’intérieur, directement au niveau des neurones, en modifiant génétiquement le cerveau pour le rendre compatible avec les réseaux d’information.

Quelle créature polycéphale émergerait de cette connexion?

Connectés via l’intérieur de nos cerveaux comme les rats de Nicolelis ou comme les participants aux séances de Mesmer, nous ne serions plus conscients de ce qui circule d’un cerveau à un autre. Nous nous trouverions dans un organisme plus grand que nous, dans un état de participation collective dont nous n’aurions pas conscience, submergés par des émotions que nous ne contrôlerions pas.