«J’ai organisé mon terrier et il m’a l’air bien réussi. De dehors on voit un grand trou, mais qui ne mène nulle part; au bout de quelques pas, on se heurte au rocher. [...] À quelque mille pas de là se trouve cachée, sous une couche de mousse qu’on peut relever, la véritable entrée de mon habitation; elle est aussi bien défendue qu’une chose puisse l’être en ce monde: évidemment, quelqu’un peut marcher sur la mousse, on peut la crever d’un élan, et voilà mon entrée ouverte, et, si on veut – à condition de posséder évidemment certaines qualités assez rares –, il n’y a plus qu’à entrer et à saccager tout. Je le sais bien, et même maintenant, au zénith de ma vie pourtant, je n’ai jamais une heure de vraie tranquillité. Je sais qu’à cette place, là-bas, dans cette mousse sombre, je suis mortellement vulnérable.»

Franz Kafka, Le Terrier (Der Bau)