«Les machines ont pris une autonomie […] Elles travaillent comme des fourmis, ou des microbes, sans conscience. Nous ne pouvons plus nous passer de ce réseau d’ordinateurs que représente Internet. Nous prenons part malgré tout à son développement. Nous recevons des publicités qui nous invitent à acheter de nouvelles machines ou à en offrir, pour connecter à leur tour ceux qui ne le sont pas encore les enfants par exemple. Et nous finissons par céder. Nous envoyons nous-mêmes des messages, qui appellent des réponses et obligent donc nos correspondant à rester connectés à leurs machines, etc. Nos échanges sur Internet ont pour effet d’assurer son extension. C’est peut être même leur principal effet, les préoccupations qui nous sont propres, les raisons pour lesquelles nous croyons envoyer des messages, étant tout à fait accessoires : illusoires finalement.»

Pierre Cassou-Noguès, La mélodie du tic-tac et autres bonnes raisons de perdre son temps, Paris, Flammarion, 2013.